La Covid-19 a provoqué un recul mondial des droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive

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Les mesures exceptionnelles auxquelles les gouvernements et les autorités sanitaires ont eu recours pendant la pandémie de Covid-19, comme le confinement, la mise en quarantaine ou la réorganisation des services de santé, ont directement affecté la pleine réalisation de la santé et des droits sexuels et reproductifs.

Cela a été particulièrement le cas pour les femmes et les filles. Ces impacts se font sentir à de nombreux niveaux et nécessitent une refonte majeure du développement international de la santé afin de faire de cette question une priorité mondiale.

L’accès aux moyens de contraception

L’accès à la contraception est l’une des composantes de la santé sexuelle et reproductive qui a le plus souffert de la pandémie. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le planning familial et la contraception ont été gravement perturbés par la pandémie, sept pays sur dix étant touchés.

Selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), dans 114 pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 47 millions de femmes n’ont pas accès aux contraceptifs. Avec chaque prolongation de trois mois des mesures sanitaires, jusqu’à deux millions de femmes supplémentaires ne pourraient pas avoir accès aux méthodes modernes de contraception.

Les mesures de confinement ont également perturbé les chaînes d’approvisionnement en contraceptifs et la possibilité d’accéder aux établissements de santé. En raison de la priorité accordée aux approvisionnements essentiels pour combattre la Covid-19, les produits liés à la santé sexuelle et reproductive sont devenus inaccessibles ou en rupture de stock, ce qui a directement entravé la santé et les droits sexuels et reproductifs de millions de femmes et de filles.

Infographie avec deux statistiques : 650 000 grossesses non désirées supplémentaires en Inde, et 3,5 millions de grossesses non désirées supplémentaires en Asie du Sud
Sources : Marie Stopes International. Résilience, adaptation et action : La réponse de MSI à la Covid-19 ; UNICEF : Effets directs et indirects de la pandémie de Covid-19 et réponse en Asie du Sud.

L’accès aux services de santé sexuelle

Les impacts de la Covid-19 se font également sentir sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, notamment sur les soins prénataux, les services de santé maternelle et néonatale, les soins liés aux infections transmises sexuellement ou les consultations liées à la santé sexuelle. Aux États-Unis, une femme sur trois a par exemple déclaré avoir dû reporter ou annuler une visite chez un prestataire de services de santé sexuelle et reproductive, ou avoir eu des difficultés à obtenir des moyens de contraception. Les fermetures de cliniques de santé sexuelle et reproductive ont fait peser une charge disproportionnée sur les femmes et les filles ayant des besoins de santé sexuelle et reproductive.

La fermeture des écoles (une mesure largement appliquée dans le monde) a également entraîné une réduction de l’accès à l’information et à l’éducation sexuelle, principalement pour les filles. Le fait de ne pas retourner à l’école a exposé ces dernières au manque d’informations et de ressources, à des grossesses adolescentes à haut risque et à une augmentation de la mortalité (Save the Children indique en effet que l’accouchement est la principale cause de décès dans le monde pour les filles âgées de 15 à 19 ans).

Même des obstacles modestes à l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive peuvent avoir des effets majeurs sur la santé. Par exemple, les conséquences d’une baisse de 10 % de la couverture sanitaire liée à la grossesse peuvent être désastreuses pour les femmes et les nouveau-nés : 1,7 million de femmes qui accouchent et 2,6 millions de nouveau-nés souffriront de complications graves et ne recevront pas les soins nécessaires.

Accès à l’avortement

Pendant la pandémie, l’accès à l’avortement a été déclaré dans de nombreux États et juridictions sanitaires comme un service « non essentiel », ce qui a entravé son accès pour des millions de femmes et de filles. En mai 2020, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de la personne a signalé que certains États américains utilisaient la situation d’urgence liée à la Covid-19 pour restreindre l’accès à l’avortement. En Italie, des établissements de santé ont également suspendu les services liés à l’avortement ou réaffecté le personnel gynécologique à des soins anti-Covid-19, exacerbant les obstacles à l’avortement légal.

Infographie avec quatre statistiques : 1 million d’avortements à risque en Inde, augmentation de 14 à 52 % des décès maternels en Asie du Sud, augmentation de 200 % des décès maternels au Népal, 2 600 décès maternels en excès en Inde
Sources : Marie Stopes International. Résilience, adaptation et action : la réponse de MSI à la Covid-19 ; Ipas : les restrictions Covid-19 ont compromis l’accès à l’avortement pour 1,85 million de femmes en Inde ; The Kathmandu Post : une augmentation de 200 % de la mortalité maternelle depuis le début du confinement .

Augmentation de la violence basée sur le genre

La violence a également été exacerbée par la crise sanitaire, entraînant une augmentation de la violence basée sur le genre menaçant le bien-être et la santé. Le FNUAP a estimé, par exemple, qu’un confinement de six mois entraîne 31 millions de cas supplémentaires de violence basée sur le genre. 15 millions de cas supplémentaires s’ajouteraient pour chaque prolongation de trois mois.

Les enfants sont particulièrement touchés. Save the Children a estimé en mai 2020 que, dans les trois mois qui ont suivi leur mise en œuvre, les directives de confinement et de maintien à la maison ont entraîné une augmentation de 20 % à 32 % des violences physiques, sexuelles et émotionnelles à l’encontre des enfants. Cela signifie que 85 millions de filles et de garçons supplémentaires ont été touchés dans le monde uniquement pour les mois de juin, juillet et août 2020.

Infographie avec deux statistiques : 30-33 % d’augmentation de la violence domestique, 50 % d’augmentation de la violence basée sur le genre
Sources : UN Policy Brief : l’impact de la Covid-19 sur les femmes ; Union africaine (CUAWGDD) : La violence basée sur le genre en Afrique pendant la pandémie de Covid-19.

Recommandations

Les progrès en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs sont une entreprise de longue haleine qui ne peut se permettre de faire une pause, même en cas de pandémie.

Des millions de femmes et de filles sont touchées dans le monde — plus que celles et ceux touchés par la Covid-19. Selon l’Institut Guttmacher, il y a eu par exemple, en 2020, 218 millions de femmes ayant un besoin non satisfait de contraception moderne, 111 millions de grossesses non désirées, 30 millions de naissances non planifiées et 35 millions d’avortements à risque, et ceci uniquement pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, comparé à environ 80 millions de cas de Covid-19 dans le monde en 2020.

La communauté internationale doit se mobiliser avec la même force qu’elle l’a fait pour la pandémie actuelle. La santé et les droits sexuels et reproductifs doivent devenir une priorité mondiale.

Pour ce faire, nous devons :

  1. Établir un socle de services de santé sexuelle et reproductive garanti qui ne peut pas être suspendu, même en cas de crise majeure. Cela permettrait d’assurer une offre minimale de services, avec un financement continu, afin que les gains durement acquis en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs ne soient pas perdus.

  2. Mettre en œuvre une analyse différenciée selon les sexes/genres et intersectionnelle pour toutes les politiques de santé afin d’évaluer les effets à court, moyen et long terme afin de s’assurer que les impacts négatifs des mesures ne dépassent pas les bénéfices attendus.

  3. Continuer à investir dans des projets de développement international en santé et garantir un budget significatif pour soutenir la continuité des services malgré d’autres urgences et crises sanitaires telles que la Covid-19.

  4. Mettre en place une spécialisation au sein des services de police et de sécurité concernant la violence basée sur le genre afin que les personnes, en particulier les femmes, puissent obtenir un soutien et une protection sans délai, même dans les situations d’urgence.

L’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la réalisation de la santé et des droits sexuels et reproductifs est multidimensionnel, direct et indirect, inégalement réparti au niveau international et ressenti dans le monde entier. Ces impacts interagissent avec d’autres inégalités de genre et/ou socio-économiques qui existaient avant la pandémie, ce qui ajoute à la complexité de la question et aux difficultés d’y répondre de manière adéquate. Cette revue des impacts de la pandémie sur cet enjeu est un rappel à la communauté internationale qu’elle doit en faire une priorité. La vie et le bien-être de millions de femmes sont en jeu.

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