L’Asie du Sud-Est veut retrouver ses touristes. Mais comment ouvrir les frontières en toute sécurité ?

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Un des secteurs qui a le plus été affecté par la pandémie est celui du tourisme. Il a connu globalement des pertes de 4,5 trillions de dollars et affecté plus de 62 millions d’emplois. Alors que plusieurs pays ont un taux de population vaccinée élevé, plusieurs personnes contemplent l’idée de pouvoir recommencer à voyager, du moins dès que la vague Omicron se sera essoufflée.

La reprise du tourisme international se fait de façon plutôt lente, alors que les voyages non essentiels sont toujours fortement déconseillés. Le nombre d’arrivées internationales est 80 % plus faible qu’avant la pandémie et la réouverture des frontières se fait plutôt de façon bilatérale que de façon généralisée.

Ouvrir ou ne pas ouvrir ? Membre de l’Observatoire québécois des droits de la personne du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal, je m’intéresse aux dimensions politiques et sociogéographiques du tourisme en Asie du Sud-Est.

plages bondées de parasol
Une plage bondée de Phuket, en Thaïlande, en des temps meilleurs pour le tourisme.
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La distribution des vaccins, un frein à la reprise du tourisme

Un des facteurs freinant la reprise du tourisme est la distribution inégale des vaccins. Plusieurs pays en développement n’ont pas encore vacciné une partie importante de leur population. C’est notamment le cas de l’Asie du Sud-Est, une des régions les plus appréciées, mais également les plus dépendantes des touristes.

Ainsi, moins de la moitié des personnes en Indonésie, au Laos et aux Philippines ont été vaccinées, et un peu moins des deux tiers de la population thaïe et vietnamienne.

Les gouvernements de ces pays doivent donc jongler entre, d’une part, protéger la santé publique, et d’autre part, relancer le tourisme pour permettre une reprise économique dans ces pays où une part importante de leur économie et des emplois en dépendent.

Relancer le tourisme : une nécessité économique

L’industrie du tourisme est vitale dans plusieurs pays de la région. Elle représente le tiers du PIB du Cambodge et 20 % du PIB de la Thaïlande. Avec 39 millions de touristes par année, Bangkok était d’ailleurs la ville la plus visitée au monde en 2019.

L’impact de la Covid-19 sur le tourisme se fait d’autant plus ressentir qu’il affecte des personnes qui sont déjà en position de vulnérabilité. En effet, les petites entreprises — qui supportent 80 % du tourisme mondial — sont particulièrement vulnérables, tout comme les travailleurs de l’économie informelle. Ils sont généralement indépendants et n’ont pas accès à une protection sociale de base ou à une aide du gouvernement. Au Cambodge, par exemple, c’est plus de trois travailleurs sur quatre qui occupent un emploi informel dans le secteur du tourisme.

Un homme en train de fabriquer des masques colorés
Un artisan fabrique des masques balinais destinés essentiellement au marché touristique.
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Le secteur touristique d’Asie du Sud-Est est particulièrement touché par l’absence de touristes chinois. La croissance économique en Chine et la création d’une classe moyenne ont poussé de nombreux citoyens à voyager dans la région. Leur nombre était en croissance continue depuis 2010. En 2019, le nombre de touristes chinois en Asie du Sud-Est s’élevait à 32 millions, soit 21 % des arrivées touristiques. Or, la Chine a fortement restreint les voyages à l’étranger pour ses citoyens, limitant les déplacements à ceux qui doivent aller étudier ou travailler.

Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est cherchent donc à trouver des solutions pour permettre la relance de ce secteur. En octobre dernier, le président indonésien avait ainsi encouragé les pays de la région à créer un corridor pour les personnes voyageant entre les États d’Asie du Sud-Est, ce qui représente 40 % des voyages de la région.

Des destinations privilégiées

L’ouverture des frontières se fait toujours de façon très hésitante. Les voyages au Laos ne sont toujours pas permis sauf pour des raisons essentielles, tandis que le Myanmar, qui a subi un coup d’État militaire en février 2021, a suspendu l’entrée de tout voyageur étranger. Le Cambodge a ouvert ses frontières, mais avec plusieurs règlements, dont une assurance spécifique à hauteur de 50 000$ et un dépôt de 2000$ à l’arrivée.

D’autres États de la région ont opté pour une stratégie différente, soit en ouvrant des destinations spécifiques. Ainsi, l’Indonésie a donné la priorité à Bali dans le déploiement des vaccins afin de pouvoir rouvrir cette île — la plus visitée au pays — au tourisme international.

Un marché rempli de kiosques vendant des souvenirs
Un marché d’Ubud, capitale de Bali. Le gouvernement indonésien a accéléré la vaccination des habitants de l’île afin de rouvrir plus rapidement au tourisme, un moteur économique essentiel.
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La Thaïlande a fait de même en axant sa stratégie sur l’île de Phuket. Le programme « Phuket Sandbox » permet d’accueillir des touristes sur l’île. Les voyageurs doivent rester sept jours dans un hôtel certifié par le gouvernement avant de pouvoir voyager ailleurs au pays.

Le Vietnam a également mis un programme pilote en place sur l’île de Phu Quoc, reconnue pour ses plages de sable blanc et ses complexes hôteliers. Il prévoit ouvrir à l’échelle du pays en juin 2022. Dans la première phase du programme, le Vietnam vise l’accueil de 2000 à 3000 visiteurs par mois, pour ensuite permettre de 5000 à 10 000 visiteurs.

Les choix de destinations ouvertes en Indonésie, en Thaïlande et au Vietnam ne se sont pas faits au hasard. Il s’agit d’îles de villégiatures avec des complexes hôteliers et de restaurants aux standards internationaux et dont les prix sont généralement plus élevés qu’ailleurs au pays. On tente ainsi d’accueillir des voyageurs plus fortunés, qui dépenseront davantage dans la destination pour soutenir une reprise économique.

Les coûts liés aux voyages augmentent, considérant le nombre de restrictions à l’entrée, les documents exigés, les tests médicaux, et les conditions de quarantaine. Il est donc à se demander si la reprise du tourisme sera également bénéfique pour les plus petits acteurs locaux du tourisme — dont plusieurs occupent un emploi informel — ou si seules les plus grandes multinationales tireront avantage de ce tourisme de villégiature.

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